ETHIQUE ET EXPERIMENTATION ANIMALE Citation : Ramousse R. 1996. Ethique et expérimentation animale. [En ligne] Dernière mise à jour sept. 2002. http://www.cons-dev.org/elearning/ethic/index.html
La vie des populations humaines repose essentiellement sur l'utilisation des ressources biologiques et sur leur libre accès. En raison de leur importance, elles n'ont pas seulement une valeur énergétique (calories) ou structurelles (apport de molécules). Elles ont acquis, au cours du développement des sociétés humaines des valeurs fondamentales : sociales, éthiques, culturelles et économiques.
L'interprétation qu'en ont fait les hommes depuis des millénaires est souvent le guide inconscient des modes actuels de gestion de ces ressources.
Les animaux, et particulièrement les animaux de laboratoire, sont indispensables (et irremplacables) à la survie et au développement des sociétés humaines. Les animaux sont cependant doués de sensibilité, de mémoire et peuvent éprouver des souffrances. Nous devons donc exiger que les animaux d'expérimentation (entièrement dépendants) soient traités humainement, utilisés uniquement quand cela est strictement nécessaire et en évitant toute souffrance. La réduction du nombre d'animaux testés expérimentalement, observée depuis une dizaine d'années, répond d'une part aux pressions des associations de défense des animaux et d'autre part aux coûts financiers que représente l'établissement d'un dossier technique pour la mise en circulation d'une nouvelle technique ou molécule, mais aussi à la recherche soit de méthodes de tests alternatives (test in vitro), soit à la rationalisation des tests in vivo, soit en combinant les deux approches. Cette dernière semble la voie la plus réaliste pour de nombreuses années encore, car les tests toxicologiquesin vitro ne reproduisent pas les interactions complexes qui ont lieu dans un organisme vivant supérieur et rendent l'extrapolation des résultats à l'homme encore plus difficile.
L'ensemble législatif et réglementaire actuel prend en compte tous les aspects de ce respect nécessaire de l'animal et favorise la reconnaissance des responsabilités qui incombent aux expérimentateurs. Ces derniers doivent démontrer au public par un effort de communication l'importance et le bien fondé des expérimentations animales.
Cependant, si les critiques des associations de défense animale portent plus sur l'application pratique des mesures réglementaires que sur leur bien fondé, certaines défendent l'idée de droits de l'animal (Déclaration des droits des animaux 1924, 1978). De toute façon, l'évolution des savoirs impose une instabilité des solutions à nos interrogations. Depuis 1983, la France s'est dotée d'un Comié consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé, comité pluridisciplinaire, qui est chargé d'examiner les problèmes que soulève "la recherche dans les domaines de la biologie, de la médecine, de la santé que ces problèmes concernent l'individu, les groupes sociaux ou la société tout entière".