Le Parc National du W du Niger présente un ensemble naturel de paysages, de formations végétales et de populations animales de qualité exceptionnelle.
Le Parc National W du Niger est établi sur des formations très anciennes (infracambriennes et précambriennes). Il est occupé, au moins depuis l'Holocène, par les formations soudano-sahéliennes actuelles. Le territoire du parc constitue la limite nord des formations végétales soudaniennes et des forêts-galeries à caractère soudano-guinéen.
L'intrication du naturel et du culturel est très ancienne et continue dans la région.
Les premiers peuplements humains sont datés du Paléolithique moyen et du Néolithique (rive gauche de la Mékrou).
C'est le lieu d'origine de Faran Maka Bote, personnage mythico-historique, ancêtre de tous les pécheurs du fleuve Niger, fondateur de la culture songhaï et de la cité de Gao.
Cette région a connu, au 18è et au 19è siècles, de nombreux conflits qui sont à l'origine de villages fortifiés à doubles murs de terre.
Le Parc National du W du Niger est établi dans une zone de peuplement dense de l'Afrique intertropicale. Les villages de cultivateurs-pasteurs qui y étaient établis furent déménagés, en 1937. Le site était aussi un lieu de transhumance et de pacage saisonnier du bétail de populations peules.
Les activités de surveillance, appliquant strictement les interdictions liées à son statut de Parc National, ont entraîné une très forte régression du pâturage illégal et du braconnage. La collaboration de la population riveraine permet de penser que ce site conservera son intégrité et sa valeur universelle exceptionnelle.
1926 : Identification du site de protection.
1937 : Création du "Parc du W du Niger", au Dahomey, en Haute Volta et au Niger.
1953 : Classement en forêt domaniale et réserve de Faune du Parc National du W du Niger.
1954 : Décret du 04.08.1954 instituant le Parc National du W du Niger.
Depuis cette date, le statut du Parc National du W du Niger n'a pas été modifié.
Le Parc National du W du Niger constitue l'extrémité pénéplanée du vieux massif de l'Atakora, dominant la vallée du Niger d'une trentaine de mètres.
La superficie du Parc National du W du Niger est de 220 000 hectares. Son altitude moyenne est de 250 m, les extrêmes étant respectivement de 300 et 170 m. La province biogéographie de référence est la savane boisée soudanienne (3.04.04). Le Parc National du W du Niger représente l'extrémité nord de cette formation et assure la transition avec le zonobiome sahélien.
Le climat est de type tropical, à pluies de mousson estivales. La saison des pluies s'étend de mai à septembre, la pluviométrie annuelle moyenne variant de 500 à 800 mm., répartie sur 30 à 50 jours de précipitations.
Les températures moyennes du mois le plus froid (janvier) sont de 31,2deg.C pour les maxima et de 10,7deg.C pour les minima. Les homologues du mois le plus chaud (mai) sont respectivement de 44deg.C et 26deg.C.
Le Parc National du W du Niger est constitué principalement par une formation de grès qui prolonge le Voltaïen du Burkina Faso (Infracambrien). Les grès sont surmontés par les conglomérats sidérolithiques de l'Adrar Doutchi, datés du Continental Terminal, dans sa partie centrale. La partie orientale, en contact avec le Bénin, est constituée de schistes et de quartzites de l'Atacorien (Précambrien moyen), extrémité de la chaîne de l'Atacora. Le Continental Terminal présente, localement, des grès ferrugineux et phosphorés. La richesse en fer phosphoreux est parfois grande. Il existait auparavant une exploitation artisanale de jaspe.
L'érosion a transformé cette région en pénéplaine, entaillée par les vallonnements des principaux cours d'eau. Cela détermine des chutes d'eau, des gorges et des rapides. Des falaises limitent des dépressions, comme celle de Natingou. Des zones d'érosion régressive, actives ou fossiles, sont des exemples des alternances d'érosion-alluvionnement intenses que connaît le site, depuis l'Holocène jusqu'à nos jours.
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Le site appartient au bassin du Niger, ce fleuve constituant la limite nord du parc national. Le réseau comprend principalement deux bassins versants, celui de la Tapoa au nord-ouest, celui de la Mekrou au sud-est, leurs affluents drainent chacune des pentes de la dorsale qui sépare les deux bassins. Ces rivières ne sont actives que pendant quelques mois. Après la saison des pluies, leur cours s'interrompt et il ne subsiste plus que des mares en cours d'assèchement. En mai la Tapoa ne présente que deux mares.
La partie fluviale du parc national (3500 ha) en fait une des zones humides permanentes les plus importantes d'Afrique de l'Ouest, classée site RAMSAR.
La présence d'eau dans le parc national est aussi assurée par des mares qui se remplissent à la saison des pluies, deux seulement sont permanentes. Cette précarité des ressources hydriques limite les possibilités d'exploitation de l'écosystème par les grands herbivores.
L'inventaire floristique, loin d'être terminé, comprend plus de 500 espèces végétales.
On peut distinguer six formations principales :
* Savanes arbustives : établies sur sols latéritiques et sableux secs, avec Combretum, Guiera, Dichrostachys, Sourinega.
* Savanes arborées : implantées au niveau des cours d'eau saisonniers avec Anogeissus, Adansonia, Terminalia et, lorsque le sol est plus humide, Combretum, Burkeia, Guiera.
* Galeries forestières à feuillage caduc : en bordure des petits cours d'eau saisonniers avec Anogeissus, Pterocarpus, Diospiros, Tamarindus, Daniela.
* Galeries forestières semi-sempervirentes : qui assurent la transition entre les thalweg humides et le sol plus sec des plateaux avec Pomportia, Crateva, Vitex et les espèces de la formation suivante.
* Galeries forestières sempervirentes : établies en sol profond dans les principaux thalweg. Elles sont localement denses. Les essences principales sont Diospiros, Kigelia, Anogeissus, Khaya, Mytragina, Cola, Borassus, Nauclea.
* Plaines d'inondations : le long du fleuve Niger, elles sont recouvertes de buissons épineux et bordées de Borassus.
Poissons : 114 espèces représentatives de la faune du fleuve Niger dont Synodontis, Tilapia, Hydracyon, Lates, Clarias, Labeo, Bagrus, Alestes, Heterotis, etc.
Reptiles : l'inventaire n'est pas connu, mais comprend Geochelone sulcata, Trionyx triunguis, Varanus niloticus, Python sebae, Python regius, Bitis arietans, Crocodylus niloticus, etc.
Oiseaux : près de 350 espèces y vivent, représentatifs des principaux ordres africains.
Mammifères : l'inventaire n'a porté que sur les grandes espèces diurnes dont plus de 70 fréquentent le parc national. Ce sont les espèces classiques de la faune soudanienne (Kobus kob, Kobus defassa, Redunca redunca, etc.) et quelques espèces sahéliennes (Gazella rufifrons). Parmi ces espèces, le Damalisque et le Céphalophe à flanc roux sont des populations à risque.
Le parc abrite la plus importante population d'éléphants et de buffles de l'ouest africain.
De nombreuses espèces sont réapparues au cours des cinq dernières années (lycaon, panthère, guépard). D'autres connaissent une forte expansion (damalisque, éléphants, hippo-tragues, guibs).
Les paysages du parc national sont très diversifiés. Ils comprennent des éléments aquatiques (fleuve, rivières, mares) et des éléments terrestres où alternent pelouses herbacées, brousse arbustive et forêts galeries. Les peuplements monospécifiques de baobabs constituent des sites de grande beauté, en raison de la stature démesurée de ces arbres.
Les paysages de plateaux latéritiques ont un aspect sévère, particulièrement en saison sèche, les arbres ayant perdu leurs feuilles. Ces paysages sont entrecoupés par des panoramas grandioses sur les dépressions bordées de falaises, comme celle de Natingou.
Sur le plan esthétique, certaines zones du fleuve Niger, passant en défilé ou contournant des îlots, présentent un grand intérêt esthétique. Les gorges de la Mekrou et de la Tapoa, les chutes de la Tapoa, les rapides du Barou sont des lieux de promenade privilégiés.
Les paysages du parc national portent la trace ancienne de la présence humaine qui, depuis le Néolithique, à travers des parcours culturaux jalonnés de villages, a fortement contribué à façonner un paysage culturel, traditionnel dans cette partie de l'Afrique. Cette interaction avec les populations humaines apparaît aussi bien dans le développement d'espaces ouverts herbacés, que dans l'abondance locale de certaines plantes jouant un rôle important dans la vie des sociétés africaines sédentaires. Il en est ainsi de la densité élevée de certaines essences arborées, non cultivées mais respectées lors des défrichements (baobab [Adansonia digitata], karité [Butyrospermum parkii], tamarinier [Tamarindus indica], etc.). La flore herbacée spontanée est également très riche en espèces céréalières qui ont pu jouer un rôle alimentaire pour nos ancêtres, au cours de leur évolution : mils (Pennisetum), millets (Digitaria, Eleusine), riz (Oryza) et également en espèces légumineuses (Vigna). Ces espèces font de cette région un conservatoire de ressources génétiques important pour la recherche agronomique africaine.
Les documents photographiques originaux (contretypes de diapositives et diapositives) qui accompagnent ce formulaire, ont été réalisés par M. Michel LE BERRE, consultant de l'UNESCO.
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