Ce programme a débuté en 1992, il comportait deux parties :
1) L'étude, confiée à R. PAPET (1992), a permis de comparer l'efficacité et les effets traumatiques de différents pièges : piège à palette, cage-piège à 1 ou 2 ouvertures et collet à arrêtoir. Chaque individu capturé était soumis à un relevé de données biométriques et à un marquage par bagues métalliques. Les cages-pièges à simple et double entrée se sont révélées les plus intéressantes à tous points de vue. Cependant, la piste des collets à arrêtoir, testés sur 5 jours, paraissait intéressante, avec une efficacité semblable à celle des cages-pièges (Le Berre et al. 1993b).
2) L'étude réalisée par C. LAFRONT (1992) a porté, d'une part, sur la détermination des paramètres influant sur l'installation des marmottes et d'autre part sur la cartographie des terriers et des domaines vitaux des groupes familiaux. La pression anthropique apparaît déterminante pour l'installation des marmottes. Le plateau, est occupé par un effectif de 40 familles, possédant un territoire de 2 à 4 ha. La densité de population a été estimée de 2 à 4 marmottes/ha. Deux jeunes par mise bas, en moyenne, ont été dénombré. Mais, les faibles déplacements observés n'ont pas permis la délimitation des territoires.
Les conclusions de cette première année de suivi sur le plateau de Charnière ont permis de dégager les axes de recherches complémentaires :
- Comparer les techniques de capture par lacets et par cage-pièges sur une période plus longue ;
- Mettre au point un marquage plus visible pour un suivi par individu ;
- Établir une méthode de comptage qui, par répétition, pourrait donner une idée de l'évolution de la population présente et, obtenir une notion de densité.
La méthode utilisée est le comptage flash d'une durée de 15 minutes avec une pause d'un quart d'heure répété plusieurs fois. C'est celle qui correspond le mieux à la capacité de concentration des observateurs ainsi qu'à l'estimation de la population présente (Chazel 1992).
Le plateau de Charnière (versant adret et fond de vallée) a été divisé en quatre zones d'une dizaine d'hectares soit un total de 46,6 ha, chacune observée par 2 personnes, depuis l'ubac distant de 300 mètres en moyenne. Les équipes étaient reliées par radio pour une parfaite synchronisation et pour noter les éventuels passages d'un territoire à l'autre.
Chaque animal contacté était pointé sur un calque posé sur une photographie panoramique de la zone.
L'opération débutait peu après le levé du jour, 8 à 10 pointages étaient réalisés. Le pic d'activité se situait après le début d'ensoleillement des secteurs de comptage lorsqu'il n'y a pas de dérangement anthropique. Durant le pointage, on distinguait les marmottons des autres individus, ainsi que les zones de friches et les zones cultivées.
Ces comptages ont permis de préciser :
- La distribution socio-spatiale, en relation avec le parcellaire cadastral, ainsi que des "zones à forte densité", plus propices au piégeage ;
- Le nombre maximum d'animaux vus dans les zones de friches et les zones cultivées.
- Le rythme d'activité des marmottes.
1er compt. 20.04.93 | 2nd compt. 09.07.93 | 3ème compt. 25.09.93 | |
Zone 1 | 18 | 8 ad / 4 m | 13 ad |
Zone 2 | 29 | 10 ad / 3 m | 12 ad / 1 m |
Zone 3 | 26 | 13 ad / 6 m | 21 ad / 7 m |
Zone 4 | 16 | 4 ad / 3 m | 4 ad |
Total | 89 | 35 ad / 16 m | 50 ad / 8 m |
Nombre maximum d'individus observés ; m : marmottons ; ad : individus de plus d'un an
Si l'on distingue les zones cultivées (17 ha 05) des zones de friches (29 ha 55), on obtient une densité médiane de 3,3 ind./ha (valeurs extrêmes : 2,1 - 5,5) sur les parcelles encore utilisées par l'homme et de 1,7 ind./ha (v.e. : 0,7 - 2,1) pour les autres. Même en tenant compte des difficultés de perception dues à la végétation et aux pierriers, les zones de cultures semblent plus attratives pour les marmottes que les zones de friche.
Le comptage de printemps dès la sortie de l'hibernation semble le meilleur pour obtenir un effectif d'adultes minimum. Celui réalisé en juillet est très peu favorable du point de vue de l'effectif mais, toutefois, permet de localiser les groupes familiaux et les marmottons. Enfin, le comptage de fin septembre a permis de constater un agrandissement du territoire ainsi que de grands déplacements à l'approche de l'hibernation.
Les captures ont été plus nombreuses en début de saison (84% de l'ensemble des individus ont été capturés au cours du premier mois).
Sex-ratio et classes d'âge des animaux capturés
Sexe / Âge | 1 an | 2 ans | adultes | Total |
---|---|---|---|---|
Mâles | 5 | 4 | 13 | 22 |
Femelles | 6 | 9 | 12 | 27 |
Total | 11 | 13 | 25 | 49 |
Quinze captures - recaptures ont été effectuées cette année et 6 individus déjà marqués en 1992 ont été recapturés.
La nouveauté des marquages réalisés cette année est l'implantation sous-cutanée de transpondeurs (TROVAN, système d'identification radio-fréquence) . Ces derniers sont pérennes et permettent de reconnaître les animaux marqués quand on les recapture. Actuellement, il y a 41 individus marqués par transpondeurs et 82 par marquage auriculaire.
Il faut noter qu'une femelle capturée le 26/04 et pesant 1700 g a été recapturée le 12/05 avec un gain de masse de 600 g. Celle-ci s'est révélée gestante.
Les résultats issus de cette étude sont les suivants :
- Aucun décalage entre l'émergence de l'adret/fond de vallée et celle de l'ubac n'a été observé (1er émergence le 23/06, dernière observée le 06/07/93).
- Sur 21 groupes familiaux suivis, 34 marmottons différents ont été observés.
- Sur ces 21 groupes familiaux, 13 groupes ont eu des portées, soit 62 % d'entre eux et le nombre moyen de marmottons est de 2,6 marmottons/portée.
- Nous avons procédé à la capture et au marquage de vingt-et-un marmottons et au sexage de 19 d'entre eux. Ce travail a été largement perturbé par les travaux agricoles et la fréquentation touristique. La sex-ratio obtenue présente un biais favorable pour les mâles (58%). Rappelons que durant la première phase de capture, et avant l'approche des mises bas, autant de femelles que de mâles adultes ont été capturés.
Population estimée grâce au suivi uniquement | Population réelle mini pour les 21 groupes (comptage-capture-suivi) | |
Nb de marmottes | 58 | 71 |
Nb de marmottons | 16 | 34 |
Coefficient de correction des comptages | Pourcentage d'individus | Population estimée | |
Avril | 1,25 | 80 | 111 |
Juillet | 1,92 | 52 | 102 |
Il reste à poursuivre les captures avec marquage par transpondeur. En particulier le marquage des marmottons permettra de déterminer l'âge exact des individus recapturés et de définir avec précision l'âge en relation avec les caractéristiques biométriques.
D'autres pistes ont été soulevées cette année au travers du prélèvement de phéromone ou bien encore par le travail sur la génétique (relevé de poils), un suivi sanitaire s'avère également indispensable (Porteret & Coulon 1992, Bel 1994).
L'ensemble de ces études devrait permettre rapidement :
- de mieux connaître la dynamique de la population (Allainé 1992) ;
- de préciser l'impact des marmottes sur le paysage (Le Berre et al. 1993a) ;
- de mettre en place un plan de gestion accepté par le Parc et les agriculteurs, pour réduire ou stabiliser les effets des marmottes sur les cultures.