Abstract
Introduction of Alpine Marmot in Mont Valier reserve: preliminary
assessment.
Eighteen marmots were introduced between 1962 and 1972 in the nature reserve of Mt Valier. Marmots have been numbered and localized since 1991. In 1993, they occupied mostly screes up to 2 000 m a.s.l., nearby the releasing sites. A trend to colonize meadows appeared. Their total number was estimated to 174 individuals in the limits of the reserve and 31 in their vicinity. Large open spaces are still available for marmot settlements .
La marmotte a été un hôte du piémont des Pyrénées centrales et occidentales (Couturier 1955 ; Jean 1979), mais aussi de la Cantabrie (Altuna 1965) et de la Catalogne (Villalta 1972) au Pléistocène. Elle a disparu des Pyrénées au cours de la période historique. Sa présence y a pourtant été faussement affirmée dans de nombreux traités zoologiques (Buffon 1761 ; Bonnier 1922), bien que la marmotte ne soit citée dans aucune relation de chasse (Febus 1388) ni faune locale (Trutat 1878). Un des premiers, Trouessart (1884), a mis en doute sa présence dans les Pyrénées, doute confirmé par une enquête (Astre 1946).
La marmotte alpine fut introduite pour la première fois dans les Hautes-Pyrénées en 1948 (Couturier 1955) et, depuis, de nombreuses opérations d'introduction et de renforcement (Pyrénées-Orientales, Ariège, Haute-Garonne) ont permis son acclimatation. Elle a même colonisé les pentes espagnoles (Herrero et al. 1992).
En Ariège, elle fut introduite dans la réserve du Mont Valier entre 1961 et 1972 et s'y développe depuis (Nebel & Franc 1992). La garderie de la réserve a procédé à des observations régulières mais un suivi systématique n'a été entrepris que depuis peu (Nebel 1992). Nous nous efforcerons d'établir le premier bilan de cette population en voie de colonisation de la zone protégée que constitue la réserve.
Le climat est montagnard à régime océanique (précipitations sont maximales au printemps et en fin d'automne). La neige est abondante en hiver et le brouillard en été et au printemps.
Aux niveaux alpin et subalpin, la faune sauvage est constituée principalement, pour les Mammifères : de la marmotte (Marmota marmota), de l'isard (Rupricapra rupricapra), du sanglier (Sus scrofa), du renard (Vulpes vulpes), de l'hermine (Mustela erminea) et de la belette (Mustela nivalis); pour les oiseaux : du lagopède alpin (Lagopus mutus), de la perdrix grise de montagne (Perdrx perdix), des principaux rapaces : gypaète barbu (Gypaetus barbatus), aigle royal (Aquila chrysaetos) et vautour fauve (Gyps fulvus) ainsi que faucon pèlerin (Falco peregrinus), percnoptère d'Egypte (Neophron percnopterus), et les Corvidés : chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) et grand corbeau (Corvus corax). Du mois de mai à octobre, des bergers font pâturer des moutons (6000), des vaches (200) et des chevaux (150). Ces animaux permettent un entretien naturel des pelouses mais l'effectif des troupeaux diminuant, une végétation non désirée, comme les rhododendrons, le genévrier, certaines graminées (Brachipodium), envahit peu à peu la montagne. Enfin, des randonneurs, en nombre limité, utilisent les sentiers parcourant les vallons et les crêtes.
Des marmottes provenant des Alpes françaises furent introduites
à partir de 1961, dans trois sites : six au Port d'Aula (1961), six aux
Bouches d'Aula (1972) et six à Portanech d'Aurenert (1965).
Dérangées par la construction d'une piste jusqu'au Port d'Aula,
les marmottes migrèrent sur le versant espagnol (Cuns d'Aula) avant de
revenir à partir de 1980. En 1978, une dizaine des marmottes furent
déplacées dans d'autres sites de la réserve (lac Milouga-
cabane des Espugues et étang Long- plateau de Barlonguère ;
Nebel, 1992 ; figure 1).
Figure 1. Sites d'introduction de la marmotte alpine dans la
réserve du Mont Valier 1- 1962 : Introduction Port d'Aula ; 2- 1965 : Introduction Portanech d'Aurenère ; 3- 1970 : Déplace ment à la cabane des Espugues et à l'Etang Long ; 4- 1972 : Introduction Bouches d'Aula . Présence forêt |
En 1993, quarante-quatre installations ont été repérées dans les limites de la réserve et neuf hors réserve. Le nombre moyen d'individus aperçus avant la sortie des marmottons, dans 30 groupes familiaux, était de deux individus, avant l'émergence des marmottons hors des terriers. Ces derniers n'ont été observés qu'à partir du 18 juillet, et dans la seule la zone d'Aréau-Port d'Aula (dans 4 des 9 groupes familiaux, soit 0,44); les autres zones n'ont pu être à nouveau parcourues. Dans les groupes familiaux à marmottons, le nombre moyen de ces derniers était de 4,5. En considérant que la proportion des groupes familiaux avec marmottons et que le nombre de marmottons par groupe familial sont les mêmes dans toute la réserve, la population de marmottes dans la réserve peut être estimée à 174 individus et hors réserve à 31 individus. La majorité des installations se trouvait dans les pierriers, mais nous avons repérés un plus grand nombre de terriers dans les zones herbeuses voisines des éboulis qu'en 1991 (Cour Vic bas ; Bouches d'Aula ; Espugues) et surtout quatre implantations récentes dans des zones de pelouse (Cour Vic haut ; Clot Pergon ; entre le col de Craberous et la cabane des Espugues et étang de Cruzous)
Près de la moitié de la réserve est recouverte par la forêt (49/109 quadrats) qui ne dépasse que rarement l'altitude de 1 500 m (Figure 2). Les marmottes occupaient 28 quadrats, soit presque la moitié des 68 quadrats à végétation ouverte (Figure 2). Elles se répartissaient essentiellement dans la zone altitudinale comprise au-dessus de 2 000 m (23/43 quadrats ; Figure 3). Les domaines vitaux de chaque groupe familial n'ont pas été déterminés avec précision. Cependant, les groupes familiaux étaient espacés et ne pourraient se chevaucher que dans les zones de Portanech d'Aurenère (3 groupes familiaux se succèdaient le long d'un vallon) et du col de Craberous-Clots de Garies (3 à 4 groupes familiaux).
Figure 2 : Zones altitudinales et forestières dans la réserve du Mont Valier | Figure 3 : Distribution des marmottes en 1993 dans la réserve du Mont Valier. |
L'observation des animaux est difficile car ces derniers présentent une distance de fuite importante (de l'ordre de 150 m). Lorsque les marmottes repèrent un humain, elles rentrent dans leur terrier et ne vocalisent que lorsqu'elles sont surprises (en cas de brouillard). Malgré des passages fréquents d'aigles royaux, nous n'avons observé aucune tentative de capture de leur part et nous n'avons entendu auncun cri d'alarme. Un tel cri a été par contre émis au passage d'un gypaète. Des cris répétés ont été entendus dans la zone des Bouches d'Aula où un renard a été aperçu. Ce même renard s'est attaqué, sans succès, à une marmotte à Cour Vic. Cette dernière n'a pas vocalisé.
Les indices de présence sont constitués uniquement par des entrées de terriers et d'abris. Il est par contre rare de trouver des latrines externes, des fèces isolées et des traces de grattages. Dans une combe humide, au-dessus de la cabane de Soulas, un déblai de terrier présentaient des boulettes de terre bien formées de la taille d'un poing, comme celles que l'on observe sur les déblais des terriers de Marmota bobac.
NOGUÉ G. & ARTHUR C. 1992. Rythme d'activité de deux colonies
de marmottes au printemps dans les Pyrénées. In Actes
Journée d'étude de la marmotte Alpine, Ramousse R. et Le
Berre M. eds., 37-47.
PERRIN C. 1993. Organisation socio-spatiale et distribution des
activités chez la marmotte alpine (Marmota marmota Linné
1758). Thèse doctorat, Paris 7.
RODRIGUE I., D. ALLAINE, M. LE BERRE & R. RAMOUSSE 1992. Space occupation
by alpine marmots in the natural reserve of "La Grande Sassière"
(Savoie, France). In Proc. 1st Inter. symp. on Alpine Marmot and gen.
marmota, Bassano B., Durio P., Gallo Orsi U., Macchi E. eds.,
135-141.
TRUTAT M.E. 1878. Catalogue des mammifères des Pyrénées.
Bull. Soc. Hist. nat. de Toulouse, 12 : 95-122.
TROUESSART E.L. 1884. Faune élémentaire des
mammifères de France.In Histoire Naturelle de la France,
Deyrolle.
VILLALTA J.F. 1972. Presencia de la marmota y otros elementos de la
fauna esteparia en pleistoceno catalan. Acta Geol. Hispanica, 7 (6) :
170-173.