L'affouragement chez la marmotte alpine, vital pour assurer l'accumulation des
réserves lipidiques en vue de l'hibernation, pourrait être
affecté par une forte présence de randonneurs. Le régime
alimentaire (analyse des fèces), le rythme d'activité, la
vigilance et la tolérance à l'homme ont été
quantifiés pendant trois mois dans différentes conditions de
présence humaine. Une forte présence semble induire une
augmentation de la vigilance des marmottes et une diminution de leur
sélectivité alimentaire, conséquences de leur
difficulté à exploiter l'ensemble de leur domaine vital. Ces
effets négatifs sur la survie des marmottes pourraient être
équilibrés par une augmentation de leur tolérance à
la présence humaine.
Mots clés : Marmotte alpine, Marmota marmota, affouragement, régime alimentaire, vigilance, distance de fuite, pression anthropique, protection.
Foraging in Alpine marmot, vital in order to insure fat accumulation for
winter period, could possibly be affected by an increasing hiking pressure.
Foraging under different human pressure was observed during three months.
Marmot diet (micrographic technique for faecal analysis), activity rhythm,
vigilance and tolerance to human presence were quantified. A high anthropic
pressure seems to induce a qualitative and quantitative fall of diet through an
increase of vigilance and a decrease of diet selectivity due to the difficulty
of exploiting their whole home range. These negative effects on marmot survival
could be balanced by an increased tolerance to human presence.
Key words: Alpine marmot, Marmota marmota, foraging, diet, vigilance, flight distance, conservation
Le développement du tourisme estival, particu-lièrement de la randonnée pédestre, entraîne une aug-mentation de la pression anthropique dans les prairies alpines. Les randonneurs, surtout lorsqu'ils traversent le territoire des marmottes, modifient le comportement des marmottes : interruption et raccourcissement des phases d'alimentation (Chovancova & Solteva 1988) et dimi-nution des distances de fuite (Neuhaus et al. 1992). Nous avons comparé l'impact de différentes pressions anthropiques sur le comportement et le régime alimen-taire de deux groupes familiaux de marmottes alpines.
Le régime alimentaire des deux groupes a été précisé par l'analyse micrographique des fèces. Le rythme d'alimentation a été apprécié par échantillon-nage instantané tout au long de la journée, la vigilance (relevés de tête au cours de la prise alimentaire) et la tolérance à la présence humaine (distance de fuite et temps de réapparition hors du terrier après dérange-ment) par échantillonnage individuel focalisé.
Le nombre de marmottes visibles et s'alimentant est toujours supérieur en A, tout au long de l'année, et pour ce groupe, maximum au mois de septembre. Dans ce groupe A, la surveillance au cours de l'alimentation est toujours plus importante et les animaux s'éloignent moins des terriers au cours de l'affouragement que dans le groupe B. Par contre la distance de fuite et le temps de réapparition après une fuite est significativement plus faible en A qu'en B.
La végétation est plus diversifiée dans le domaine vital de A que dans celui de B (Graminoïdes : 14 espèces contre 7 et Dicotylédones : 59 espèces contre 48). Les graminoïdes sont toujours plus abondantes que les Dicotylédones. Cependant, les proportions des prin-cipales espèces consommées par les marmottes aux espèces présentes sont très comparables. Les marmottes des deux groupes consomment généralement plus de Dicotylédones (particulièrement les parties florales). Elles en sélectionnent un petit nombre d'espèces (8 espèces représentant 38% du régime alimentaire du groupe A et 5 espèces soit 70% de celui du groupe B). Mais les marmottes du groupe A montrent un forte décroissance de cette sélectivité en août et expriment de plus un comportement d'affouragement original en septembre : elles consomment les plantes poussant sous les pierres après avoir retournées ses dernières.
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Wilderness of Alpine meadows is decreasing with increasing summer tourism, particularly hiking. Hikers, especially when they cross the territory of marmots, disturb their behaviour: interruption and shortening of foraging phases (Chovancova & Solteva 1988) and shortening of flight distance (Neuhaus et al. 1992). We compared the impact of different hiking pressure on foraging behaviour and diet in two family groups of alpine marmots.
In each group, observations and sample harvest were realised in August and September 1993 and in May 1994. Diet was described and quantified using the micrographic technique of faecal analysis. Activity rhythm has been assessed by scan sampling. Vigilance (look-ups while feeding) and tolerance to human presence (flight distance, and time spent in the burrow after being disturbed) had been quantified by focal animal sampling.
The number of apparent and foraging marmots was always higher in A, all year long, with a maximum in September. In this group, vigilance during foraging was also higher and animals stayed closer of burrows when foraging than in group B. On the contrary, flight distance and time spent in burrows after disturbance were smaller in A than in B.
Plants were more diversified in the A home range than in the B one (14 graminoid species against 7 and 59 forb species against 48). In the two home ran-ges, graminoids were the most abundant. But, ratios of eaten plant species by marmots to present species were comparable. Marmots ate preferentially forbs, espe-cially flowers and selected a few number of forb species (8 species represented 38% of the diet of A group and 5 species 70% in group B). But in A, forbs selectivity decreased strongly in August and marmots had an original foraging behaviour in September; they turned over stones and fed on plants growing under them.
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