Description et inventaire
Milieu physique
La Réserve Naturelle et Intégrale de l'Aïr et du Ténéré est formée par la majeure partie du massif montagneux de l'Aïr et par la partie occidentale de la plaine du Ténéré. Sa superficie est de 78.000 km2 (7,8 millions d'hectares). L'Aïr se présente comme un plateau traversé à l'emporte-pièce par des massifs abrupts. Le Ténéré est une vaste zone plane recouverte de sables vifs. L'altitude moyenne de l'Aïr est de 700 m, celle du Ténéré est de 450 m. Les extrâmes sont de 420 m pour le point le plus bas et 2.310 m pour le point culminant (qui est aussi celui de la République du Niger). La province biogéographique de référence est le Sahara. L'Aïr constitue un îlot de peuplement biologique de type sahélien dans un environnement saharien. La diversité des habitats est grande (dunes vives, dunes fixées, regs sableux, vallées falaises, canyons, plateaux sommitaux, gueltas, etc.)
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Climat
Le climat est de type désertique à influence tropicale. Trois saisons principales : saison "humide" de juin à août, saison "froide" de septembre à février, saison chaude de mars à juin. Les pluies sont peu abondante et leur occurrence fortement variable d'une année à l'autre. Les moyennes admises sont de 75 mm pour le massif de l'Aïr et de 20 mm pour la plaine du Ténéré. Les précipitation sont apportées par la mousson guinéenne. Les températures du mois le plus froid (janvier) sont de 29° C pour les maxima et de 10° C pour les minima. Les homologues du mois le plus chaud (mai) sont respectivement 44° C et 25° C. Les extrâmes mesurées à Iférouane sont de -1° C et de 50° C.
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Géologie
La région de l'Aïr et du Ténéré est constituée par un socle métamorphique très ancien (Infracambrien) et fortement pénéplané. Les hauts massifs de l'Aïr sont constitués par des intrusions de Younger Granites (formation du Nigéria). La morphologie de la région a été complétée au Tertiaire et au Quaternaire par des intrusions volcaniques. La partie orientale du socle, recouverte par des masses de sables vifs, est l'objet d'un processus d'envahissement éolien depuis la fin de l'optimum climatique holocène. Seul élément sédimentaire, le fossé de Téfidet, formé de Continental Intercalaire, constitue une zone d'effondrement tectonique dans la partie orientale de l'Aïr. Les roches dominantes de la région sont des granites, des roches métamorphiques et des roches volcaniques. Des marbres bleus présentent un intérât esthétique particulier.
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Hydrographie
Le réseau hydrographique ancien est important. Il est constitué d'oueds (nommés localement koris) drainant les versants montagneux vers l'ouest. Ils se rejoignent dans la plaine du Talak et du Tamesna pour former un bief en relation autrefois avec le fleuve Niger. Les oueds du versant oriental sont courts et se perdent rapidement dans les sables. Ces oueds ne sont actifs que quelques semaines par an, au cours de la saison des pluies, et ceci de façon irrégulière. L'Aïr, par son altitude élevée et sa structure de reg granitique joue un rôle de château d'eau pour tout le nord-ouest du Niger, grâce à une infiltration importante dans les arènes et les fissures. La restitution se fait à longueur d'année par les inféro-flux et entretient une végétation abondante (en zone saharienne).
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Flore et végétation
L'Aïr présente, au sein d'un environnement désertique, un îlot de végétation sahélienne avec localement des composantes soudaniennes et des composantes saharo-méditerranéennes. Il constitue de ce fait une relicte du peuplement holocène en milieu saharien. Les principales espèces sont Acacia albida, A. ehrenbergiana, Balanites aegyptiaca, Merrua crassifolia, Salvadora persica, Zizyphus spina-christi pour les arbres ; Cornulaca monacantha, Stipagrostis pungens, Panicum turgidum, Schouwia thebaica pour la strate buissonnante. La liste des espèces végétales principales de l'Aïr est fournie en annexe. Dans le Ténéré, la végétation est quasiment absente et se limite à une demi-douzaine d'espèces de graminées. Dans certains oueds de l'Aïr, les formations végétales constituent des forâts-galeriesdenses, larges de plusieurs hectomètres et longues de plusieurs kilomètres, avec une strate buissonnante développée.
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Faune
La faune de la zone protégée comprend des types sahariens et des types sahéliens. Le massif montagneux constitue une enclave de faune sahélienne (relicte des derniers épisodes humides) dont les représentants les plus typiques sont : Reptiles (Naja nigricollis, Bitis arietans), Oiseaux (Tockus erythrorhynchus, Struthio camelus), Mammifères (Erythrocebus patas, Papio anubis, Procavia capensis, Ictonyx striatus, Caracal caracal). Les espèces sahariennes sont représentées par Ammotragus lervia, Addax nasomaculatus, Gazella dorcas, G. dama, G. leptoceros. La réserve constitue un refuge pour les populations animales sahéliennes, isolées depuis plusieurs millénaires dans l'Aïr (dérive génétique). Elle constitue aussi la dernière zone du Niger (et sans doute du Sahara) où vivent cinq espèces d'ongulés déserticoles. La présence de l'addax y est faible et discontinue. Trois de ces espèces (Addax nasomaculatus, Gazella dama, G. leptoceros) sont inscrites sur la liste rouge de l'UICN et réellement menacées de disparition en l'absence de mesures de conservation énergiques et rapides.
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Paysages
Les paysages de montagne, comme les paysages de plaine, sont d'une grande valeur esthétique. L'association des crâtes montagneuses et du sable des dunes constitue des ensembles grandioses qui ne sont jamais monotones. Le Ténéré réunit pratiquement toutes les formes d'architecture de sables du Sahara et constitue une sorte de conservatoire des sables vifs. Les falaises, les canyons, les chaos granitiques et volcaniques de l'Aïr se renouvellent à l'infini, sans lasser le regard.
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Manifestations anciennes de la présence humaine
En bordure du Ténéré et à l'embouchure des oueds, on trouve de nombreux sites paléolithiques (outillage).
Des vestiges néolithiques sont aussi abondants : gravures rupestres représentatives de l'étage du "guerrier libyen" (Anakom, Tanakom, Arakao, Taggait), peintures rupestres (Afis). De nombreux sites recèlent des objets lithiques et des restes de poterie typiques du style du Ténéréen, permettant de décrire l'évolution des populations passées de chasseurs, cueilleurs et d'éleveurs (Adrar Bous). Les sites lithiques ont été dégradés par le pillage des touristes.
Des monuments funéraires préislamiques (tumulus) sont situés en grand nombre sur la bordure orientale de l'Aïr, au déboucher des oueds dans la plaine.
Des villes médiévales, comme Assodé et Ekouloulef, sont abandonnées et en ruine depuis la révolte de Kaocen (1917). Des mosquées anciennes, datant de la mâme époque, sont disséminées dans l'Aïr et sont toujours l'objet d'un actif pèlerinage annuel.
Des pistes caravanières, utilisées pendant plusieurs siècles par des milliers de chameaux, sont profondément gravées dans le sol.
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